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Pour essayer de comprendre comment évolue notre monde en perpétuelle effervescence, rien de mieux que de lire ou relire les écrivains qui se donnent la peine d’essayer d’éclairer notre lanterne comme André GIDE enseignait la lumière à Nathanael dans les « Nourritures Terrestres ».

Face à une situation qui parfois nous échappe, juste un point de l’histoire récente des relations entre les « géants du net » et les pouvoirs publics. Après d’âpres négociations au niveau européen sur les droits voisins de la presse, rythmées par les intérêts parfois divergents des représentants des éditeurs, le lobbying pressant des « GAFAM » et les désaccords entre États membres, une directive était enfin adoptée en avril 2019, rapidement transposée dans le droit français (une fois n’est pas coutume) en juillet 2019.

Certes, les négociations entre les représentants des éditeurs et les principaux concernés, les GAFAM, n’ont pas été marquées par un empressement excessif de ces derniers à conclure les accords prévus dans la directive pour la rémunération du réemploi des contenus des éditeurs de presse.

Et ce fut encore plus hésitant avec les pays non concernés par la directive européenne. Plus inquiétant, la très récente décision de Google, considérant sans doute que la Californie est son terrain de jeu exclusif, de rejeter le « California Journalism Preservation Act » qui a précisément pour objet d’obliger les « plates-formes » à payer une commission aux médias pour la diffusion de leurs contenus.

Au-delà de ce mauvais remake d’un western de série B, c’est l’inquiétante tentative de domination d’entreprises ultra puissantes sur la démocratie dont elles profitent sans retenue qui doit interpeller l’ensemble de la presse. Pas sûr que Meta, Google ou « X » se risquent à s’opposer avec autant de désinvolture à des régimes plus autoritaires. Et les amendes salées infligées par certains États ne semblent pas très dissuasives face aux profits stratosphériques des compagnies concernées.

Enfin pour mieux comprendre les risques à venir de l’évolution vertigineuse de la technologie, du développement fulgurant de l’intelligence artificielle générative, des pratiques de plus en plus sophistiquées de « data mining », il faut s’en remettre aux bons auteurs. Après Aldous HUXLEY, Georges ORWELL et Ray BRADBURY lus par des centaines de millions de citoyens des pays libres, juste deux titres très contemporains, français de surcroît, pour éclairer notre réflexion sur l’avenir : le dernier roman de Jean-Christophe RUFFIN, ancien médecin sans frontière, ancien Ambassadeur de France, Académicien, intitulé « D’or et de Jungle » qui relate la tentative de coup d’État fomenté par le dirigeant d’une multinationale de la « tech » pour s’emparer d’un pays souverain, en l’occurrence le sultanat de Brunei,  et plus « technologique » mais tout aussi passionnant, l’ouvrage d’Asma MHALLA, chercheuse au laboratoire d’anthropologie politique de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales : « Technopolitique. Comment la technologie fait de nous des soldats »… Une inquiétante perspective.