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À l’occasion de ses vœux à la presse, le Président de la République s’est prononcé pour un nouveau texte de loi « afin de protéger la vie démocratique des fausses nouvelles ». Cette louable intention est inspirée notamment par les rudes batailles électorales des années précédentes à travers le monde où tous les coups furent permis. Certes, le fulgurant développement des moyens de diffusion numériques de tout et n’importe quoi ne peut qu’interpeller les responsables politiques, garants de l’exercice loyal de la liberté d’expression dans une démocratie.

Faut-il pour autant en passer par le législateur ? La question n’est pas anodine pour les éditeurs de presse dont le métier est d’ores et déjà balisé par un arsenal juridique construit depuis plus d’un siècle. De la loi du 29 juillet 1881 sur la Liberté de la presse au statut des journalistes en passant par les chartes de déontologie, il n’apparaît pas indispensable de rajouter un texte adhoc. D’autant que l’article 27 de la loi de 1881, modifié au fil du temps, définit très précisément l’acte de diffusion de la fausse nouvelle ainsi que les sanctions applicables « pour la publication, la diffusion ou la reproduction PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées ». Voilà qui devrait suffire à réguler tous les vecteurs numériques et nous éviter toute nouvelle législation susceptible de venir flirter avec une forme quelconque de censure.

À l’heure où les débats sur l’avenir de la bioéthique, les neuro sciences, les manipulations génétiques passionnent l’opinion, il serait dangereux de rétablir un Saint-Office de la science qui pourrait étouffer toute tentative de débat. Si l’aventure s’est finalement bien terminée pour Galilée que les censeurs romains se contentèrent finalement de renvoyer finir ses jours dans sa villa de Florence, n’oublions pas que sa condamnation pour « fausse doctrine » conduisit son contemporain Descartes (qui n’avait pas envie – on le comprend – de finir sur le bûcher) à renoncer de publier l’une de ses œuvres majeures, « Le Traité du Monde et de la Lumière ».