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En lançant une mission sur le nécessaire « traitement journalistique du contenu de presse », pour reprendre le jargon cher aux injonctions ministérielles, Mme Bachelot n’a pas facilité la tâche de la présidente de la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP). Sans doute lectrice assidue de Montesquieu, la locataire de la rue de Valois attendait de la part de Mme Franceschini une réponse à la question toujours non résolue du célébrissime « comment peut-on être Persan ?».

Dans un délai d’une extrême brièveté, (la lettre de mission datée du 23 décembre 2020 fixait une date de fin des travaux au…15 mars 2021), la destinataire de cette mission s’est acquittée avec talent de ses obligations, ses conclusions ayant fait l’objet d’une synthèse qui avait pour objet, rappelons-le, de préciser ce qu’est le fameux « traitement journalistique » de l’information.

La réponse étant pratiquement dans la question, tout semble limpide : le journalisme est l’affaire des journalistes et des éditeurs de presse. Soit, mais encore une fois, la question reste entière dès que sa formulation se précise : comment peut-on être journaliste ?

Et c’est ce point essentiel qui fait encore débat. Dès la publication de la synthèse des propositions de Mme Franceschini, la FNPS a attiré l’attention des pouvoirs publics sur la difficulté d’une définition trop restrictive de la fonction journalistique. Car ce n’est évidemment pas le statut qui fait la fonction. Autant la délivrance de la carte d’identité des journalistes professionnels est un gage de professionnalisme et de compétences techniques, autant l’exercice du métier peut être confié à des talents extérieurs à la profession, experts d’un domaine particulier de la connaissance et du savoir, et ne vivant pas majoritairement de leurs revenus éditoriaux.

C’est le cas notamment de nombreux titres à vocation culturelle, scientifique et professionnelle qui font appel à des contributions très pointues par des auteurs dont l’activité journalistique est purement complémentaire à leurs travaux de recherche, d’enseignement ou encore à leurs implications dans leurs métiers. La transmission de cette richesse éditoriale par voie de presse ne saurait être discriminée sur des critères restrictifs. D’un simple clin d’œil, l’évidence s’impose : Albert Londres, Ernest Hemingway, Joseph Kessel avaient-ils une carte de presse ?