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L’effervescence suscitée récemment par les prouesses scolaires du désormais célèbre “Chat GPT” a occulté la véritable révolution scientifique de ce qu’on appelle en français “Intelligence artificielle”, véritable contre sens dû à nos piètres connaissances en anglais. Simple rappel de nos années lycée : le mot “intelligence” est le prototype du “faux-ami” générateur de bien des malentendus. En anglais, “intelligence” s’emploie dans le sens français de “renseignement “ou “information”. Tous les amateurs de littérature d’espionnage savent très bien que ni le MI5 britannique (Military Intelligence 5) ni la C.I.A américaine (Central Intelligence Agency) n’ont voulu signifier autre chose que leur vocation première : le renseignement.

Il est non seulement abusif d’accoler “intelligence” à “artificielle” mais erroné de laisser entendre qu’une machine est capable de se substituer au cerveau humain.

Tous les spécialistes, depuis Marvin Lee Minsky, le “père fondateur” de “l’IA” aux Etats-Unis, savent qu’il s’agit “d’une application capable de traiter des tâches qui sont, pour l’heure, réalisées de manière plus satisfaisante par des êtres humains dans la mesure où elles impliquent des processus mentaux de haut niveau comme l’apprentissage perceptuel, l’organisation de la mémoire et l’esprit critique”.

Ce texte, qui est encore d’actualité, date de…1956 ! Toute la question est de savoir s’il le restera.

Bonne nouvelle pour la presse : comme dans les domaines où les progrès des techniques numériques sont en train de révolutionner des secteurs essentiels de l’activité humaine (de l’imagerie médicale à l’agriculture) les développements d’une informatique de plus en plus complexe seront, pour les éditeurs, une aide précieuse à la décision et d’ores et déjà à la production.

La presse a donc tout intérêt à s’adapter aux nouvelles technologies dont les implications humaines et économiques sont considérables : recrutement de personnels formés à un langage spécifique, juristes rompus aux subtilités du droit d’auteur numérique, techniciens spécialistes des algorithmes, du “machine learning” et autres réjouissances de la “forêt aléatoire” ou du “réseau neuronal”.

A la question posée à Chat GPT “es-tu intelligent”, la machine – car s’en est une, même si on la tutoie – répond qu’elle n’a “pas de conscience, de pensée ou de sentiment”. Asma Mallah, professeur spécialiste des enjeux stratégiques du numérique à Sciences Po et à Polytechnique va plus loin : “une intelligence artificielle peut être dangereuse parce qu’elle est idiote”. Tout est dit, mais les apparences sont et seront de plus en plus trompeuses.

A nous de faire que la presse soit et demeure, un métier d’êtres humains compétents, sensibles et éclairés.